GÉOPOLITIQUE
 
La Mosquitia, protectorat anglais dans les colonies indépendantes
Lieu stratégique et forme de contrôle de la nature et des corps
Carte n°1 : Peuplement de la Mosquitia au milieu du XIXème siècle
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Source : d'après Bell Charles Napier, 1899, Tangweera : life and adventures among gentle savages, Ed. Franklin Classics, 372 p.

 

Les Caraïbes occidentales sont le terrain idéal pour une analyse multidimensionnelle. En abordant les transformations de la géopolitique de la Grande Caraïbe, on ne peut faire abstraction de l'analyse des évènements et des processus locaux et mondiaux qui permettent de comprendre les liens entre le niveau micro et macro.

Nous partons du principe que les forces mondiales aident à construire des scénarios où les systèmes locaux fonctionnent, le processus inverse ne s'observant pas. L'expansion du capitalisme impérial (en termes de structures de domination, de contrôle des esprits, des corps et des territoires) affecte les systèmes régionaux et locaux dans les Caraïbes, et dans ce contexte, les structures nationales et régionales jouent un rôle de médiation, à des moments historiques différents, entre les communautés locales et le système mondial capitaliste.

L'histoire coloniale et républicaine divise l'Amérique Centrale en deux parties, un Nord et un Sud, la première moitié étant dominée par l'Espagne et la seconde par les Anglais. Même après l'indépendance des Provinces Unies d'Amérique Centrale à la tête des Espagnols, les Anglais continueront d'exercer leur contrôle sur la Mosquitia jusqu'en 1860 et sur le territoire d'origine Maya actuellement contesté par le Guatemala (actuel Belize). Le contrôle "indirect" mis en place par la Grande-Bretagne dans les colonies d'Asie et d'Afrique sera également exercé sur la côte Caraïbe du Nicaragua et du Honduras et une zone intérieure faite d'écosystèmes de forêts humides, de savanes, de marécages et d'eaux navigables. Cette zone n'a pas été peuplée par des habitants hispanophones, pendant la colonisation espagnole et a conservée une influence anglophone. Du XVIIème au XXème siècle, la région a été fréquentée par des boucaniers, des contrebandiers anglo-jamïcains, des compagnies américaines de production de bois, de bananes et de caoutchouc. Ces visiteurs ont développé avec les populations autochtones une langue anglophone leur permettant de nouer des relations. Les habitants de ces régions sont principalement des Miskitos d'origine et des Créoles. Les deux groupes utilisent la langue indigène "Mliskita" et le créole qui est apparu par les contacts avec les Anglais. (Jamieson, 2002).

L'influence de la Grande-Bretagne sur la côte historique des Moustiques hondurienne et nicaraguayenne depuis le XVIIème siècle, a entraîné une série de relations interrompues au fil du temps entre les politiques locales et les politiques impériales et cela à différents moments de l'histoire de la région jusqu'à aujourd'hui. Ceci permet de comprendre les différences culturelles, idéologiques et sociales existantes entre les peuples d'Afrique noire et les Caraïbes au sein des États d'Amérique Centrale. De même, le rôle tenu par l'impérialisme nord-américain fait de rivalités et d'alliances avec la Grande-Bretagne a été un élément de disjonction des relations entre ces peuples anglophones. Dans le même temps ces peuples étaient soumis à des processus contradictoires oscillant entre politique d’intégration et autonomie vis-à-vis des centres nationaux de pouvoir hispaniques, qui eux aussi, paradoxalement agissaient comme des colonisateurs.

Les modes de production coloniaux associés à l'économie de plantation (initialement l'exploitation forestière et minière), les économies "d'enclave" du bois et des mines ainsi que l'agro-industrie de la banane expliqueront la forme de gouvernance néo-extractivisme dans l'exploitation pétrolière et minière. Cette forme de gouvernance accentuera le rôle de ces territoires en tant qu'exportateurs de production primaire dans le système capitaliste mondial, mettant ainsi en danger la survivance de ces peuples originels, créolisés et de ces territoires considérés aujourd'hui comme " l'ultime frontière impériale" (cf. projet CaribX).

1. Contrôle stratégique de la Mosquitia : entre Gouvernement "indirect", Protectorat anglais, Ordonnance royale espagnole et États indépendants d'Amérique Centrale

Bien que les Britanniques à divers moments vont céder le contrôle de la Mosquitia au Nicaragua, comme ce fut le cas en 1783, en réalité, ils continueront à contrôler cette région jusqu'à la fin du XIXème siècle en maintenant une forme de protectorat "officieux" ou "indirect", ceci au nom des intérêts des Miskitos face aux agressions espagnoles. De même, lorsque l'Empire espagnol défaillant intégrera la Côte des Moustiques et les îles de San Andrès et Providencia à la Capitainerie Générale du Guatemala, puis que grâce à une ordonnance royale en 1803, ces territoires seront rattachés à la Vice-royauté de Santa-Fe (donc à la Colombie), le pouvoir royal continuera à être exercé par la Grande-Bretagne jusqu'en 1880.

Même si, au travers de diverses tentatives, la Colombie tentera, grâce à l’ordonnance royale promulguée par l'Espagne en 1803, de réclamer sa souveraineté sur la Mosquitia nicaraguayenne comme par exemple lorsque le 04 juillet 1818, des forces navales sous le commandement du révolutionnaire français Louis Aury s'empareront de l'île de Providencia ou bien encore qu'en 1822, le drapeau colombien sera hissé dans îles de San Andrès en sa qualité de province de Carthagène, les Britanniques sans se démonter, continueront à assurer une présence dans la région et à soutenir le gouvernement Misquito.

En réaction, la Colombie tentera de faire pression sur la Grande-Bretagne en publiant un décret visant à interdire les relations commerciales entre la Jamaïque alors britannique et la Côte des Moustiques. Ce décret sera ignoré et contesté par le royaume Miskito. Le roi Miskito, Georges Augustus Frederick, successeur du roi Robert Charles Frederick (1824-1842) durant le second protectorat anglais, contribuera à renforcer la domination "indirecte" et les intérêts anglais qui résideront dans le contrôle de ce territoire pour l'exportation d'acajou et l'exploitation aurifère au XIXème siècle.

 

L'Ordonnance Royale de 1803 et limites de la Mosquitia

La Mosquitia était un territoire appartenant à la vice-royauté de la Nouvelle Grenade, anciennement formée par le regroupement de la Colombie, du Panama et de la Côte des Moustiques. Une ordonnance royale en date du 30 novembre 1803 précisa la définition de la Mosquitia. Le territoire s'étendait entre le "Cabo Gracias a Dios" au Nord jusqu'au Rio Chagres au Sud et incluait l'archipel des îles de San Andrès et Providencia. Cet archipel avait en effet été détaché à la demande de ses habitants de la Capitainerie Générale du Guatemala.

 

En 1843 une nouvelle note de protestation émane de la Colombie devant l'annonce faite par la Grande-Bretagne de l'indépendance du Royaume Misquito alors sous protectorat anglais, annonce également notifié au Nicaragua. En 1860, la Grande-Bretagne renonce à son protectorat à Managua (Traité de Clayton-Bulwer) et annonce son retrait. Toutefois, en invoquant son rôle de "puissance protectrice", elle insistera sur les droits à l'autonomie des Miskitos. C'est ainsi que naîtra la réserve de la Mosquitia qui sera approuvé un an plus tard sous les auspices du Consul britannique, en s’inspirant des lois anglaises, ceci dans un contexte de "souveraineté nicaraguayenne". Aussi, bien que seront mises en place des structures régionales, tel le Misquito Council, la Grande-Bretagne exercera une grande emprise sur la population de cette zone, emprise qui rejaillira sur l'ensemble de la population des Caraïbes occidentales.

Même si la Grande-Bretagne n'a jamais reconnu la Mosquitia nicaraguayenne et hondurienne en tant que colonie à part entière, elle a toujours eu des "surintendants" dotés de pouvoirs spéciaux en charge de ses intérêts. La ville de Town River sur la côte hondurienne était ainsi à la fois le centre de la domination anglaise et placée sur la route du commerce illicite des Espagnols au Honduras. A plusieurs reprises, la Grande-Bretagne annoncera son retrait de la région, comme avec le traité entre la Grande-Bretagne et l'Espagne en 1786, où les Britanniques avaient acceptés de se retirer de la côte des Moustiques. Beaucoup de colons anglais avec leurs esclaves s'installeront alors dans l'actuel Belize où ils développeront le commerce de bois précieux vers l'Europe.

Face à la demande croissante de bois précieux de l'Angleterre, la déforestation des bois d'acajou aura un impact négatif sur le territoire bélizien, et en 1836, les forêts de Caoba (acajou) sur la côte hondurienne, en particulier sur la rivière Ramon (actuel Rio Aguan) dans la ville de Trujillo, qui deviendra un centre d’intérêt majeur pour les Britanniques. Sans aucun obstacle, ils délivreront des permis d'exploitation forestiers, et en 1837 l'influence anglaise sur la côte de la Mosquitia sera ainsi restaurée et s'étendra jusqu'au Panama. La surexploitation forestière et la chute de la demande de bois précieux au niveau international fera s’effondrer rapidement ce commerce.

C'est dans ce contexte que de nouveaux intérêts géostratégiques verront le jour pour le contrôle commercial de la route entre le Pacifique et l'Atlantique. Au milieu du XIXème siècle, l'agent anglais, Patrick Walker prend possession de la rivière San Juan, à la frontière entre le Costa Rica et le Nicaragua dans le but d'y construire un canal interocéanique.

Les États-Unis vont alors voir dans cet acte une violation de la doctrine Monroe et une intervention allant à l'encontre de leur projet de canal à travers le Nicaragua. Cependant en 1850, les deux pays signeront un traité pour le développement d'un passage interocéanique. A partir de 1860 et avant l'instauration de la réserve de la Mosquitia et l'autonomie du chef Miskito, les citoyens anglais continueront à influencer l'économie et la politique de la région. Le contrôle "indirect" jusqu'en 1880, dans la Mosquitia, fonctionnera de manière interchangeable à l'intérieur des colonies espagnoles. Faute de structure formelle dans la Mosquitia, les agents anglais opéreront à partir du Belize et de la Jamaïque, et le roi Miskito lui-même déclarera que le droit anglais régira les lois officielles de la Mosquitia. La Grande-Bretagne représentera les intérêts du "Royaume de Miskito" face au reste du monde, comme en témoignera la correspondance échangée avec le roi d'Angleterre et possédera des bureaux consulaires dans le reste de la Caraïbe (Vice-Consul aux îles Caïmans et en Jamaïque

À partir de 1880, lors d'une négociation avec les États-Unis, la Grande-Bretagne créera un nouveau pays : le Belize, amputant ainsi le Guatemala de plus de 80 % de sa côte créole caribéenne et du territoire maya et en donnant aux États-Unis l'hégémonie sur la Mosquitia hondurienne, guatémaltèque et nicaraguayenne incluant la mer des Caraïbes occidentales.

Dans ces zones d'influence anglaise qui s'étendent du Honduras, Nicaragua au Guatemala et Belize au nord au Costa Rica et au Panama au sud, et en relation constante avec les îles de la Caraïbe occidentale, les Miskitos originaux1 qui ont occupé non seulement les fonctions de chefs mais aussi de travailleurs réduits quasiment à l'état d'esclaves pour l'abattage de l'acajou, ont été mêlés aux populations de Blancs, d'esclaves noirs, d'esclaves libérés et d'autres populations indigènes et noires telles que les Garifunas, les Créoles noirs et les Raizals, peuples caribéens d'origine. Certains d'entre-eux, en particulier les Blancs noirs et les créoles, qui n'avaient pas de statut politique au départ, joueront un rôle central plus tard et exerceront une influence considérable sur la politique de leurs communautés. En 1840, plusieurs d'entre-eux obtiendront la citoyenneté anglaise et seront élus dans des structures politiques régionales, ils formeront ainsi une "classe moyenne protestante, politiquement tolérée et civilisée". Ces nouvelles structures blanches et créoles supplanteront le leadership indigène exercé dans le royaume de Miskito et, à un moment donné, elles se confronteront également au gouvernement anglais ce qui entraînera l'arrivée d’agents anglais, américains et jamaïcains qui occuperont diverses charges de contrôle.

Ce sont ces groupes qui s'opposeront au gouvernement du Nicaragua pour réclamer la "réintégration de la Mosquitia" au Nicaragua en 1895. Ils signeront une pétition adressée à la reine Elizabeth pour que soit restauré le protectorat et une éventuelle intégration à l'Empire anglais, soulignant leur loyauté à l'Angleterre et dénonçant la répression subie et les déplacements forcés des indigènes des montagnes de Matagalpa face à l'introduction de l'économie du café par le gouvernement nicaraguayen.

L'allusion à cette répression et à "l'incompatibilité culturelle" entre le Nicaragua et les habitants de la Mosquitia parlant anglais, conduit à accroître la défiance des Miskitos vis-à-vis de la langue espagnole et illustrera au début du XXème siècle le conflit entre une économie de l'enclave et un État-nation. Cette façon d'exprimer sa loyauté pour les Créoles et les indigènes envers la Grande-Bretagne, à travers l'usage de la langue, viendra justifier de façon persistante, le projet d'autonomie gouvernementale fondée sur la défense de leurs droits territoriaux, lequel se transformera en rébellion armée. Ils s'opposeront alors aux Marines américains venus appuyer le gouvernement nicaraguayen. Certains d'entre-eux seront exilés en Jamaïque, alors qu'enfin en 1905, la Grande-Bretagne reconnaîtra, et cela avant le Nicaragua, l'intégration complète de la Mosquitia à la nation nicaraguayenne. Cet acte expliquera la méfiance et l'opposition permanente des Indiens Miskitos vis-à-vis du gouvernement de Managua. La place libérée par la Grande-Bretagne permettra aux États-Unis d'étendre leur intervention économique et militaire dans la région, notamment grâce à l'augmentation des concessions de bananeraies et d'exploitations forestières octroyées par le gouvernement nicaraguayen dans les territoires autochtones, ainsi que par le contrôle portuaire du port de Cabezas.

Plus tard, dans les années 1930, les États-Unis interviendront militairement dans la région pour contrer les tendances révolutionnaires de l'armée de libération sandiniste, soutenue par les Créoles, dans sa tentative d'obtenir une représentation régionale, ceci dans un contexte de révolution libérale échouée. La lutte contre la politique centralisée et dictatoriale du gouvernement conservateur nicaraguayen et la politique de résistance caribéenne, encouragée par le garveyisme et la nouvelle conscience noire ainsi que par les effets de l'économie enclavée, marqueront profondément les bases de la résistance créole.2

2. Économie de "l'enclave", État-nation, Colonie : rencontres et confrontations

Le royaume Miskito n'a jamais été un État-nation. La Grande-Bretagne a été le seul pays au monde à le reconnaître comme une entité nationale. Il n'a jamais été reconnu par l'Espagne, les pays d'Amérique centrale ou par les États-Unis. Il n'existe pas de structure identique à une telle expansion de la domination coloniale. Ce royaume qui avait été "gouverné" au XVIIème siècle par trois chefs autochtones, l'un sur la côte nord du Honduras, l'autre dans la région centrale et le dernier sur la côte sud, est devenu au XIXème siècle, une structure hiérarchique centralisée, gérée par les Indiens Miskitos ou Zambos (mélange d'indigènes et de noirs) éduqués dans la société Miskita et manipulés, comme nous l'avons vu, depuis la Jamaïque et le Belize (alors le Honduras britannique).

Ce n'est qu'en 1835 que William Hogson, un créole qui assumait son origine miskita, fut nommé gouverneur des Indigènes à Boca del Toro, alors que les Miskitos cherchaient à étendre leurs frontières au Panama. A cette époque, on estimait qu'il existait dans la région une population de quelques 20 000 indigènes Miskitos, ainsi qu'environ 10 000 Créoles, Garifunas et Zambos, alors même que les "Européens et Anglais" éduqués représentaient pas plus de 23 individus. Ceux-ci se sont néanmoins installés dans les villes de Grey Town et Bluefields et ont pris le contrôle de la région.

 

En 1884, la Mosquitia a été officiellement réintégrée au Nicaragua sous le gouvernement de José Santos Zelaya et a été alors déclarée "département" de Zelaya. En 1928, avec le traité de Barcenas-Esquerra, la Colombie accepta de reconnaître la possession nicaraguayenne sur la côte des Mo ustique s et réaffirma à son tour la souveraineté colombienne sur l'archipel de San Andrès et Providencia. Dans le même temps, les États-Unis, jouant leur rôle d'arbitre entre les deux pays, et au moment de la croissance de l'économie bananière, ont exercé un contrôle militaire de la région – débuté dès 1880- et ont initié, entre autre chose, le développement à grande échelle de la pêche dans les zones marines adjacentes aux deux pays.


1 Certains auteurs définissent la langue originale miskita comme la langue misumalpa parlée par le peuple Misquito dans le nord du Nicaragua et au Honduras. Elle fait partie d' une famille de langues: miskito, sumo et magalpa, qui elles-mêmes font partie des langues macro-chibcha. (Lewis, 2009) - Jamieson soutient que les membres de la communauté parlent avant tout le Kakabila, plutôt que le miskito ou le créole. E tant bilingues, ils s e positionnent ainsi entre deux identités et langues : ils parlent la langue indigène et ces peuples autochtones et le créole d’origine anglo-saxonne, ce qui leur permet de communiquer avec ceux qui sont à l’extérieur. Cet auteur souligne que les différences entre eux sont associées à des actions et des pratiques communautaires intégrées au circuit des transactions économiques. On différencie les miskitos en termes de partage d’une solidarité organique exprimée par les relations de parenté et de réciprocité et les créoles plus articulés à l’économie monétaire , travaillant dans les entreprises de pêche commerciale ou l 'activité de croisière, secteurs économiques dans lesquels ils ont plus de chance de prospérer. (Jamieson, 2004).


2 George H. Hodgson, qui a joué un rôle important dans la guerre civile, sera considéré comme un symbole de la résistance créole, et représentera une période de transition entre l'attachement créole à la Grande-Bretagne et l’intégration nationale. Cependant, à sa mort le gouvernement de Moncadarendra impossible ce projet d’autonomie régionale. Ce n’est qu’en 1986 que le droit d’autonomie des régions des Caraïbes sera proclamé divisant le département de Zelaya de l’époque entre région autonome des Caraïbes du Nord (RAACN) et région autonome de la côte des Caraïbes méridionales. (RACCS).



Carte n° 2 : La Mosquitia actuelle

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Auteur : F. Turbout, MRSH, Université de Caen, 2020.
 

 

Auteur : Catalina Toro-Pérez
Traduction :  : Frédérique Turbout

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