TRANSPORTS ET RÉSEAUX
 
Transport aérien (2007-2011) : passagers et fret

 

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Le développement du transport aérien a constitué pour les populations antillaises une formidable révolution : parfaitement adapté à la desserte de ces terres émiettées, il s’est imposé en quelques décennies comme le moyen privilégié, et même souvent unique, des liaisons entre les îles et des relations avec le reste du monde pour le transport des passagers. À l’intérieur du bassin Caraïbe, particulièrement dans l’archipel, les liaisons maritimes sont beaucoup moins nombreuses qu’en d’autres parties du monde ; de ce fait les liaisons aériennes jouent un rôle essentiel.

Omniprésent, l’avion est au cœur de la vie de l’Archipel : myriade d’aéroports de toutes tailles, depuis le hub régional de San Juan jusqu’aux minuscules aéroports de Saba, Canouan ou Désirade, pullulement des lignes et des compagnies aériennes de toutes importances, mouvement brownien incessant dans un ciel rarement vide, trafics considérables rapportés à l’aune des effectifs de population desservis. Dans ces terres d'émigration, l'avion et l’aéroport, remplaçant le port et le paquebot, sont aussi chargés d’émotions et d’affectivité : c’est là que les familles se séparent, parfois pour longtemps, c’est là aussi qu’on se retrouve. Bien plus qu’un simple moyen de transport, l’avion a été aussi instrument politique, manifestation de souveraineté. C’est l’un des domaines où États et collectivités territoriales ont été les plus interventionnistes.

Les flux extra régionaux l’emportent largement sur les flux intra caraïbe. Ils ont deux directions privilégiées : les anciennes métropoles européennes et les États-Unis pour un volume plus important. Les liaisons avec le reste du monde sont très réduites. À l’échelle du Bassin caraïbe, deux faisceaux nord-sud, le faisceau isthmique et le faisceau insulaire, se juxtaposent avec fort peu d’interconnexions. La disjonction est la caractéristique majeure du réseau aérien dans la Caraïbe. Les aéroports des grands États continentaux réalisent de forts volumes mais ne concernent la Caraïbe que de manière très marginale. Miami, avec le rôle historique de la Pan Am est le véritable hub de la zone, passage obligé pour de nombreuses connexions intra et extra caraïbes. Deux grands hubs à vocation régionale se dégagent : San Juan, le plus fréquenté et le plus insulaire, il dessert la quasi totalité des îles et Panamá qui connecte l’isthme à la Caraïbe. Deux mondes aériens se côtoient : d’une part, grandes compagnies internationales, gros porteurs, tarifs et services attractifs pour les longues distances ; d’autre part, prix/km élevé, pertes de temps en formalités, escales et temps d’accès aux aéroports, services souvent médiocres sont le lot habituel des liaisons internes à l’Archipel, certaines tenant du parcours du combattant. Le panorama des compagnies qui desservent l’Archipel est très changeant. Faillites, restructurations, privatisations, fusions se sont succédées pendant les dernières décennies. La crise internationale ouverte en 2008 et les années difficiles qui ont suivi ont accentué les fragilités locales. Les dessertes intra zone, tant entre les îles, qu’avec les États du continent ont tendance à être moins fréquentes, moins nombreuses dans la deuxième décennie du XXIe siècle que vingt ans auparavant. Aux distances/temps s’ajoutent de très forts écarts distances/coûts. Des distances/coûts plus élevées sur de petites distances qu’à l’international lointain comme en d’autres parties du monde, se révèlent fortement pénalisantes pour une région où le transport aérien joue un rôle si prépondérant face à un maritime défaillant.

Ruptures et disjonctions restent des caractéristiques majeures du transport aérien dans la Caraïbe ; elles constituent ainsi un obstacle décisif à surmonter pour une coopération et une intégration de niveau plus élevé.

 

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Auteurs : Patrice Roth, Pascal Buleon

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