POPULATION
 
Naître, vivre et mourir aux Caraïbes

 

Les comportements démographiques de la région caraïbe traduisent les disparités, les diversités rencontrées dans bien d'autres secteurs. Y a-t-il une façon spécifique aux sociétés du monde caraïbe de naître, de vivre et de mourir ?

Les chiffres bruts permettent-ils de déceler une culture qui dit la caribéanité, ou bien alors ne sont-ils que le reflet de situations économiques variées, de niveaux de développement différents ?

Sans doute, comme dans n'importe quel phénomène trouvera-t-on un peu de chaque, pour créer la complexité.

D'une manière générale, la Caraïbe approche les moyennes mondiales (accroissement démographique, de l'ordre de 15 pm), même si la natalité et la mortalité y sont un peu moins élevées, respectivement 22 pm et 8 pm contre 24 et 9 pm au niveau mondial.

Si dans de nombreux secteurs on peut observer une double opposition, à des échelles différentes, les phénomènes démographiques ne les recréent pas automatiquement.

On retrouver certes l'opposition continent/archipel. Dans le premier ensemble, la natalité et la mortalité témoignent encore d'une situation économique difficile et montrent que ces pays de trouvent encore en 2e phase de la transition démographique, celle qui favorise un accroissement important de la population.

Mais le clivage n'est pas aussi net que l'on peut le penser, et Grenade et la Jamaïque appartiennent à un groupe qui rassemble la plupart des pays de l'Amérique continentale avec une diminution, lente certes mais réelle du taux de natalité. Et donc moins d'enfants par femme.

On a souvent établi des liens entre évolution démographique et richesse d'un pays, des habitants. La corrélation n'est pas aussi automatique que l'on veut bien le dire et les modes de classement de la richesse laissent dans l'ombre le rôle des mentalités, ou une histoire récente qui influe sur des attitudes démographiques. Si Haïti confirme bien la relation pauvreté-explosion, on trouve des cas inverses. Ainsi, Cuba qui appartient au groupe des pays les plus pauvres, se classe aussi parmi les États dont la maîtrise démographique est comparable à celle des pays développés.

Globalement, les efforts de scolarisation, surtout des filles, poussés dans les îles ont permis de reculer l'âge du mariage et donc une baisse de la fécondité.

Ajoutons que les migrations de populations jeunes contribuent aussi à cette diminution (cas de la Martinique, Barbade).

Enfin, élément non négligeable, quand les statistiques peuvent les fournir, les taux de mortalité ont beaucoup reculé, preuve s'il en est des efforts accomplis par les différents gouvernements pour éradiquer les grandes pandémies (paludisme entre autres).

Restent dans l'archipel les difficultés liées à l'insularité et donc au fait que les équipements onéreux, avec des entités ayant des populations de quelques dizaines de milliers est impossible. Ceci peut-il expliquer le cas des Bahamas, plutôt riches, où il est supérieur à celui de Porto Rico, le double de celui de Cuba et le triple de celui des Antilles néerlandaises.

Comment expliquer ? Difficile dans l'exemple cité ! Si la Dominique et Sainte-Lucie aux taux de mortalité comparables à celui des Bahamas peuvent être éclaircis, les Bahamas restent un problème.

Globalement dans la Caraïbe, on vit vieux... et l'anecdote n'est pas inintéressante des quelques centenaires (voire les 105 ans) de la Martinique, mais plus surprenante l'espérance de vie (74/80 ans) de la Dominique.

Il y aurait bien des études à mener pour mieux comprendre les évolutions démographiques dans la zone.

Auteur : Monique Bégot

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