POPULATION
Population et densités (1997) Un peuplement tout en contrastes
Les populations de la région présentent sur le plan de leurs effectifs, de leur densité, de leur répartition, de vigoureuses disparités qui opposent en général la bordure continentale et les îles. On constate des corrélations remarquables entre certaines de ces données. La hiérarchie inverse des effectifs et des densités (chiffres 1997)Les États continentaux bordiers de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique concentrent à eux seuls environ 85 % de l'effectif de la Grande Caraïbe, soit près de 200 millions d'habitants, contre un peu plus de 35 millions pour l'archipel (la Grande Caraïbe comprend ici tous les États et entités du Bassin, y compris les 5 États du Sud des États-Unis auxquels s'ajoutent les Guyanes et les Bermudes). À une autre échelle, les quatre îles des Grandes Antilles rassemblent à elles seules 90 % de la population de l'archipel. Les extrêmes coexistent : loin derrière les quelques grands États continentaux du Nord et du Sud aux populations considérables comme le Mexique (95,7 M) ou encore la Colombie (37,4 M), quelques États d'Amérique centrale et les Grandes Antilles approchent ou dépassent d'assez peu la dizaine de millions d'habitants (Cuba : 11 M , Jamaïque et Guatemala : 10,9 M, Hispaniola : 14,8 M – Hispaniola = Haïti + République dominicaine –) ; c'est encore beaucoup à côté des nombreuses micro-entités insulaires qui ne comptent que quelques milliers d'individus (5 000 à Saint-Barthélemy, 1 000 à Barbuda ou Saba), voire quelques centaines (certaines îles des Grenadines par exemple)... sans même parler de la myriade d'îlots inhabités. Toute autre est l'image de la région que révèlent les densités : sur les vastes étendues des États continentaux et des Grandes Antilles elles sont en général modestes, souvent inférieures à 30 hab./km2 (9 hab./km2 même au Belize). Seul le Guatemala franchit, de fort peu, la barre des 100 hab./km2. À l'inverse, beaucoup d'îles supportent sur leurs territoires exigus des densités remarquablement élevées, rappelant celles des grands foyers d'Extrême-Orient : 850 hab./km2 à Saint-Martin (ensemble de l'île), 615 à Babade, 427 à Porto Rico, 390 à la Martinique, et même 1 242 aux Bermudes. Cela n'exclut pas quelques remarquables exceptions comme Barbuda (8,7 hab./km2) ou les Bahamas dont les 28 hab./km2 s'expliquent par les nombreuses îles désertes de l'archipel. Cette pression humaine qui s'exerce en milieu fragile n'est pas sans poser de redoutables problèmes de gestion et d'affectation de l'espace, de concurrence entre urbanisation, terres agricoles, espaces naturels et touristiques. La poussée démographique, souvent récente a pu aussi provoquer une montée massive du chômage dont l'émigration a souvent constitué le seul exutoire. On ne compte pas moins de 15 entités insulaires dans les 50 premiers rangs mondiaux (Bermudes, Barbade, Saint-Kitts-et-Nevis, Porto Rico, Aruba, Martinique, Grenade, Saint-Vincent, îles Vierges US, Salvador, Haïti, Trinidad-et-Tobago, Antilles néerlandaises, Guadeloupe, Jamaïque), total que n'atteint aucune autre partie du globe. La Jamaïque, dernière de cette liste affiche encore le chiffre respectable de 232 hab./km2. Cuba avec quasiment la même densité que le Guatemala (cf. plus haut), n'occupe qu'une modeste 22e place régionale. Cette surcharge démographique insulaire qui se retrouve aux Philippines dans les archipels indonésiens ou japonais par exemple, apparaît ici plus originale par son caractère assez généralisé. La densité moyenne de la Grande Caraïbe (44 hab./km2) recouvre donc de remarquables écarts entre la partie continentale (37 hab./km2) et l'archipel (> 150). De manière approximative certes, mais cependant significative, s'observe une relation inverse entre superficies et densités. Cette observation n'est d'ailleurs pas exceptionnelle et se rencontre ailleurs dans le monde.
Densité de la population
Le double contraste de la distribution spatialePartout s'opposent de manière spectaculaire régions côtières et intérieur mais leur importance respective dans la localisation du peuplement est radicalement inversée selon que l'on considère les territoires continentaux ou les îles. Les littoraux continentaux apparaissent plutôt délaissés, ou sont occupés de manière discontinue, les foyers majeurs de peuplement étant plutôt intérieurs (exemple frappant de Caracas, située dans un long couloir encaissé à près de 1 000 mètres d'altitude, ou encore de Bogotá, de Mexico). Au contraire dans les îles des Grandes comme des Petites Antilles, la concentration littorale de la population est forte, même dans le cas de sites ou de côtes a priori inhospitalières (mangroves ou marécages). L'intérieur, toujours moins occupé, devient un véritable désert humain dans les îles les plus montagneuses comme Saint-Vincent ou la Dominique. Tout au plus signalera-t-on le cas très particulier de Saba, île volcan au littoral inabordable dont les deux petits noyaux de peuplement se sont fixés dans le cratère central. Ces profonds et multiples contrastes dessinent deux paysages humains bien marqués, celui du continent et celui des îles. Ils rendent perceptibles des logiques différentes de fonctionnement de ces espaces, ils marquent et induisent des rapports différents à l'espace maritime caraïbe, et par là, à la région dans son ensemble. Haut |
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