TOURISME Tourisme 2018
La Caraïbe est une destination privilégiée du tourisme international. En 2018, juste avant que n'éclate la crise sanitaire de la Covid-19, mais après une saison cyclonique 2017 particulièrement destructrice pour de nombreuses infrastructures touristiques des Petites et Grandes Antilles, le tourisme se chiffrait dans la zone à près de 25,8 millions de touristes internationaux, soit 1,8 % du total des touristes internationaux ayant voyagé sur la planète (1 408 millions au niveau mondial). À l'échelle du bassin Caraïbe, si on ajoute aux Petites et Grandes Antilles, les pays de l'isthme et le Mexique, le total de touristes internationaux s'est élevé à 82,2 millions en 2018, dont la moitié concerne le Mexique. Ces touristes représentent cependant seulement 5,8 % du tourisme mondial. Économiquement, cette clientèle est indispensable à certaines économies locales. Au total, le tourisme international dans le bassin Caraïbe a généré en 2018, 72 816 millions de dollars US. Premier bassin de croisière au monde et lieu de villégiature privilégié des touristes nord-américains et européens, le bassin caribéen présente quelques disparités, notamment entre Grandes et Petites Antilles, mais aussi avec les pays de l'isthme. Il n'en reste pas moins que depuis 2010, la croissance du nombre de touristes n'a cessé de croître ; en 2018 elle s'établissait à 3,5 % par rapport à l'année précédente. L'espace caribéen offre une diversité d'activités qui séduisent les touristes internationaux, notamment en provenance de l'hémisphère nord et comme dans nombre de sites touristiques mondiaux, le balnéotropisme et l'héliotropisme restent des facteurs essentiels à la fréquentation et l'attractivité touristique. 1. État des lieux du tourisme 2018En 2018, 82 271 000 touristes internationaux sont venus séjourner dans le bassin caraïbe. Dans les Antilles, il est nécessaire de distinguer les Grandes et Petites Antilles. A elles seules, les Grandes Antilles ont accueilli 17 241 000 touristes internationaux. Parmi ces quatre destinations, la République Dominicaine se détache nettement car au-delà d'être la première destination touristique des Antilles, le pays est également au second rang, après le Mexique, des destinations phares de la Caraïbe. Le choix du gouvernement dominicain de miser sur un tourisme de masse en encourageant le développement d'infrastructures adaptées semble porter ses fruits. Les complexes touristiques « all inclusive » de Punta Cana, comme ceux de Margaritaville ou de Hyatt Ziva Cap Cana, les complexes à l'identique de Puerto Plata ou de la Romana, enclaves touristiques fermées, coupées du reste de l'île et accessibles via des aéroports dédiés attirent des touristes toujours plus nombreux.
Photos n°1 et 2 : Hyatt Ziva Cap Cana, Punta Cana. 2021
Source : google map.
Photo n°2 : Margaritaville Island Reserve, Punta Cana, construction et artificialisation d'un complexe touristique. 2021
Source : google map.
Au début des années 1990, la fréquentation touristique avoisine les 2 millions de touristes. Aujourd'hui le nombre de touristes internationaux s'élève en 2018 à 6 569 000 touristes. Cette croissance forte rapporte au pays 7,5 milliards de US$, soit 2,3 % du PIB. Cependant, si on considère l'organisation du tourisme dominicain, il faut remarquer que les aménagements mis à disposition du tourisme se présente sous forme d’enclaves, sécurisées et peu ou pas du tout en contact avec le reste de la population locale. Notons également que ces grands complexes hôteliers fournissent des emplois locaux, notamment pour la population féminine. Cette forme d'aménagement construite le plus souvent ex-nihilo, se retrouvent fréquemment dans les Antilles et notamment comme le souligne M. Desse et al. en 2018, lorsque l'activité touristique reste mineure et que les niveaux de développement sont très faibles(…), le modèle d'aménagement privilégié demeure celui de l'enclave. C'est le cas, comme nous l'avons vu en république dominicaine, mais aussi en Haïti ou en Jamaïque. À Cuba, où le tourisme s'est développé dès les années 1950, avant que le pays ne se referme, l’État Cubain a misé sur le développement d'un tourisme de masse et l'ouverture du pays depuis quelques années vient conforter la place de l'île comme destination touristique majeure. Ainsi en 2018, Cuba a enregistré quelques 4 684 000 touristes. Malgré les accidents cycloniques violents de 2017, les pollutions aux sargasses, les Grandes Antilles dominent toujours. Dans les Petites Antilles, les chiffres du tourisme international sont nettement inférieurs à ceux des Grandes Antilles, avec pour l'année 2018, un nombre d'arrivées de touristes internationaux de 8,5 millions. Ces sont essentiellement les Bahamas (1,6 millions), les Antilles néerlandaises (1,5 millions), Barbade (680 000), la Guadeloupe ou la Martinique (735 000 et 537 000) qui ont enregistré les chiffres de plus fortes arrivées touristiques dans les Petites Antilles. L'ouragan Irma a cependant eu un réel impact sur la fréquentation touristique des Antilles, notamment à St Martin où entre 2017 et 2018, la baisse de la fréquentation a été de l'ordre de 55,8 %. Dans les pays de l'isthme, la fréquentation touristique est relativement modeste comparée aux populations de ces États. En 2018, ce sont quelques 56,4 millions de touristes internationaux qui ont fréquenté les pays d'Amérique Centrale et de l'isthme. Une exception dans cet ensemble d'Amérique Latine et Centrale vient contredire les observations précédentes. Le Mexique avec près de 41 313 000 d'arrivées de touristes internationaux est de loin, le premier pays touristique de toute la zone Caraïbe. Il accueille un peu moins de deux fois la totalité de la clientèle internationale des Antilles. Parmi les autres destinations privilégiées des pays de l'isthme, le Costa Rica avec 3 millions de visiteurs, ou la Colombie avec 4 millions de visiteurs arrivent en tête. Les évolutions enregistrées entre 2017 et 2018 montrent une augmentation de la fréquentation sauf pour quelques îles telles que les Vierges, Anguilla, la Dominique, Saint-Martin ou Trinidad et Tobago, mais dans une moindre mesure pour cette dernière. Ces baisses sont la conséquence directe de la saison cyclonique 2017, notamment concernant les installations touristiques.
Tableau n°1 : la fréquentation touristique 2018
Source : UNWTO, 2020.
Malgré ces quelques baisses de fréquentation, les recettes du tourisme en 2018 dans la zone s'élèvent à près de 32,4 millions de US$. Sans surprise, le Mexique a enregistré les meilleurs et plus importantes recettes des pays de la zone avec plus de 22,5 millions de US$. Seuls 14 États, Mexique inclus, présentent des recettes dont les montants dépassent le million de dollars. En République dominicaine, les recettes s'élèvent à 7,5 millions de US$, en Colombie, elles dépassent les 5,5 millions, 4,6 millions au Panama, et entre 1 et 4 millions à Cuba, en Jamaïque, à Porto Rico, à Aruba, aux Bahamas, à Barbade, aux Vierges US, au Costa Rica, au Salvador et au Guatemala. La majorité de la clientèle est composée de touristes américains et européens. Ils constituent également la majorité des croisiéristes présents dans la zone.
Carte n°1 : Fréquentation touristique et poids économique des recettes touristiques - 2018.
Source : UNWTO, 2020.
2. Le poids des clientèles américaines et européennesL'histoire même des Antilles et de l'ensemble de la zone, les liens qui unissent certaines îles aux métropoles européennes et la proximité du vaste marché d'Amérique du Nord, assure aux États proches caribéens une clientèle conséquente et pérenne. Selon les estimations de l'OMT pour l'année 2018, les touristes en provenance des Amériques sont au nombre de 16,6 millions selon les données disponibles. Pour les visiteurs européens, le total atteint 4,5 millions environ ; Les touristes américains et canadiens qui composent l'essentiel de la clientèle des Amériques privilégient le Mexique (plus de 35 millions de visiteurs), la République Dominicaine et plus généralement les pays de l'isthme, Porto Rico, Cuba et les Bahamas. Côté clientèle européenne, le Mexique, la République dominicaine et Cuba constituent les lieux de séjours privilégiés (entre 1,3 et 1,9 millions). Ce sont ensuite les Antilles, Grandes et Petites surtout, qui sont les destinations touristes européens sont venus y séjourner, ils sont 260 000 à Barbade et 222 000 à Curaçao. Côté américain, ce sont les Antilles néerlandaises qui attirent ; ainsi à Aruba, 983 000 touristes sont venus y séjourner, tout comme 200 000 à Curaçao. Ce sont aussi les îles anglophones qui sont fréquentées en masse par les touristes américains ; Barbade a enregistré 409 000 visiteurs américains, 295 000 ont été comptabilisés à Sainte-Lucie et 308 000 à Trinidad et Tobago. Ces destinations privilégiées par les touristes américains correspondent en grande partie aux mêmes îles fréquentées par les croisiéristes nombreux dans le bassin, notamment d'origine américaine. Le poids du tourisme de croisière est en effet particulièrement important dans cette zone que l'on qualifie, à juste titre, de premier bassin de croisière mondial. L'activité touristique dans la zone caraïbe est importante pour ces États insulaires et pour les pays de l'isthme. Pourtant, elle ne représente que moins de 2 % (Amérique centrale) et environ 1 % (Caraïbes) des arrivées de touristes internationaux et environ 1 % des recettes mondiales du tourisme. Cependant à l'échelle de la zone, certaines destinations s’illustrent notablement comme le Mexique, la République dominicaine, les Bahamas, la Colombie, la Jamaïque ou Porto Rico. Fortement dépendante de la situation sanitaire, politique ou climatique, l'espace caribéen n'en reste pas moins un formidable terrain de jeu pour les touristes américains et européens, mais aussi de plus en plus asiatiques. Les îles s'adaptent aux exigences de cette clientèle et participent parfois activement à la dégradation de leurs paysages littoraux, autorisant leur bétonnage. Il s'agit là d'une forme d'appropriation et de privatisation d'un espace commun, le littoral, par une clientèle fortunée, une forme de ségrégation socio-spatiale autorisée. La crise sanitaire de la Covid-19 aura bien évidement des conséquences sur l'économie locale insulaire, et il y a fort à parier que la réouverture des frontières se solde au final par une relance de la fréquentation, voire une hausse de celle-ci. Cependant, les mentalités évoluent et certaines îles ont anticipé ces changements, l'avenir du tourisme est et sera de plus en plus dépendant du respect et de la préservation de l'environnement. Haut |
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