RISQUES MAJEURS
 
Saison Cyclonique 2020

L'ouragan Laura a frappé fin août la Caraïbe et la côte Sud des États-Unis. Il est le premier ouragan majeur de la saison cyclonique 2020 dans l'Océan Atlantique Nord et la 12ème des 25 dépressions prévues par le National Hurricane Centre (NHC) pour la période cyclonique s'échelonnant de juin à novembre 2020. 

À sa naissance sur la côte Ouest de l'Afrique, cette petite onde de tempête se transforme rapidement en dépression tropicale le 20 août à quelques 1 500 kilomètres des côtes antillaises.

Le lendemain, elle atteint le Nord des Antilles et se transforme alors en tempête tropicale prenant rapidement de la vigueur au contact des eaux chaudes de la Caraïbe ; longeant les côtes du nord-ouest des Antilles, la République Dominicaine, Haïti et Cuba, cette dépression débouche dans le Golfe du Mexique et se transforme rapidement en ouragan de catégorie 3, le 26 août. Poursuivant sa route vers les côtes de Louisiane et du Texas, Laura devient plus puissant, passe en catégorie 4 sur une échelle qui en compte 5 et menace alors les populations et les villes bordières. Les autorités prennent la menace très au sérieux, le NHC ayant qualifié Laura d'ouragan « catastrophique » générant des pluies diluviennes et pouvant engendrer de fortes inondations. Le souvenir des inondations dues au cyclone Katrina en 2005 sont encore dans toutes les têtes et les autorités craignent des conséquences du même ordre. Elles décident donc de faire évacuer massivement les populations et ce sont plus d'un million et demi de personnes qui sont contraintes d'évacuer leur logement sans tarder. Avec des vents de plus de 240 km/h à son arrivée sur les côtes de Louisiane et du Texas, l'ouragan va heureusement perdre de son intensité et sera reclasser en tempête tropicale. 

Sur son passage dans les Antilles, les premiers bilans font état d'un nombre de morts s'élevant à 35 personnes, principalement en Haïti (31 décès) et en République Dominicaine (4 décès). Il faut y ajouter 8 disparus et plus de 8 000 sinistrés. Si Cuba et Porto Rico ne semblent pas avoir enregistrés pour lors des décès, l'ouragan Laura laisse derrière lui un paysage de désolation : toitures arrachées, arbres déracinés, fils électriques sectionnés, inondations et glissements de terrain jalonnent comme à l'accoutumée les régions impactées. Les quantités de précipitations qui sont tombées sur la République Dominicaine (300 mm à Barahona) ou sur Haïti (168 mm à Port-au-Prince) ont entraîné des glissements de terrain et des inondations massives, notamment à Piétonville. Le Barrage de Péligre à Haïti a menacé de déborder et de noyer une partie de l'Artibonite. 

Comme pour les autres phénomènes cycloniques de ce type et de cette catégorie, les dégâts matériels et les pertes en vie humaine sont importants, même si, et il faut le souligner, les précédents évènements ont permis de prévenir le risque pour les populations, comme ce fut le cas sur les côtes américaines du Golfe du Mexique. Fortement exposée au risque naturel, la Caraïbe et sa population ont l'habitude de se protéger et de faire face à ces situations dangereuses. 

L'ouragan Laura laissera une addition estimée à entre 8 et 12 milliards de dollars de dégâts matériels et aura entraîné le décès directement ou indirectement de 21 personnes aux États-Unis, et de 56 personnes au total. 

13ème ouragan majeur d'une saison cyclonique comptant comme l'une des plus active dans la zone depuis 2005, l'ouragan Eta a frappé l'Amérique Centrale entre le 31 octobre et le 14 novembre 2020. Classé en ouragan de catégorie 4, avec des vents atteignant près de 240 km/h, Eta a traversé les Etats d'Amérique Centrale en causant près de 178 décès et plus de 112 disparus. Si le bilan est encore imprécis, les causes des décès s'expliquent par les dégâts occasionnés par les pluies torentielles qui se sont abattues sur les différentes régions impactées. Eta est entré par le Nicaragua le 31 octobre, entre Puerto Cabezas et Bilwi, touchant de plein fouet les villages des communautés indigènes Miskitos, arrachant toitures et maisons, dévastant l'ensemble du littoral de cette zone. A son entrée au contact des terres continentales, il a perdu de sa vigueur mais a continué à déverser des quantités de pluies, provoquant de nombreuses inondations et glissements de terrains, entraînant de nombreux décès et disparitions. Il a poursuivit sa trajectoire vers le Honduras où il a dès lors été rétrogradé au stade de tempête tropicale. Il s'est renforcé sur la mer Caraïbe en prenant la direction de Cuba qu'il traverse pour se diriger ensuite vers la Floride. Puis il a fait demi-tour, est revenu dans le Golfe du Mexique où eaux chaudes ont réalimenter le processus cyclonique pour finalement traverser  la Floride et gagner l'Atlantique ou il s'éteindra progressivement en passant au large de la Caroline du Nord. Cette trajectoire atypique ne change en rien l'impact humain et économique de ce cyclone. La première facture est pour le moment estimée à plus de 5,5 milliards de dollars US. 

Alors même qu'Eta poursuivait sa route dans l'Atlantique Nord, rétrogradé au stade de dépression, un nouvel ourgan de catégorie 5, Iota est venu frappé au même endroit, selon une trajectoire encore en cours, l'Amérique Centrale. Dans la nuit du 16 au 17 novembre 2020, Iota a touché les îles colombiennes de l'Archipel de San Andrès et Providencia, au large des côtes du Nicaragua. Les premiers constats sont impressionants, l'oeil du cyclone était positionné sur Providencia, 98 % de ses infrastructures et constructions ont été dévastées. Les populations, dont quelques touristes, ont trouvé refuge dans les citernes souteraines d'eau potable, dans des abris de fortune. On déplore 61 morts et 39 disparus. Il avait occasionné auparavant de fortes inondations dans la ville côtière colombienne de Cartagena de las Indias. L'ouragan a poursuivit sa route vers le Nicaragua, repassant une nouvelle fois à proximité de Puerto Cabezas, sur la ville côtière de Bilwi et ravageant ce qui restait encore debout dans les villages miskitos. Il a atteind le Honduras et a provoqué de nouvelles inondations qui sont venues s'accumuler sur des sols déjà gorgés d'eau par le passage de l'ouragan Eta, quelques jours auparavant. Il a finalement terminé sa course et a perdu de son intensité après avoir traversé le Salvador le 18 novembre. En moins de deux semaines, deux ouragans majeurs ont ainsi impactés la même zone géographique, le bilan humain risque encore de s'alourdir et les dégâts matériels vont se chiffrer en plusieurs millions de dollars. 

Ces évènements cycloniques majeurs s'enchaînent à un rythme jusque là, jamais observé dans la zone. Cette saison cyclonique et de tempêtes est exceptionnelle de part le nombre de dépressions accumulées et de tempêtes successives. Ces phénomènes dévastateurs impactent fortement des États déjà fragilisés et ceci dans une période sanitaire extrêmement tendue par la crise de la Covid-19.

 

 

Carte n°1 : Trajectoire(s) des évènements cycloniques de catégorie 4 et 5 de la saison 2020.

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Auteur : Frédérique Turbout, MRSH, Université de Caen Normandie, 2020.
Auteur : Frédérique Turbout

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