CULTURE ET ÉDUCATION Pôles universitaires (années 1990)
Le passé colonial de la Caraïbe a pour conséquence une situation présente complexe au plan géographique, politique, économique et linguistique. Cette complexité apparaît aussi au niveau de l'organisation des systèmes universitaires. Certains États indépendants (tels Cuba, Saint-Domingue, Haïti) possèdent leur système universitaire propre, d'autres (pays de langue anglaise et anciennes colonies britanniques) se sont regroupés en un pôle universitaire commun. Les départements français d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe et Guyane), après avoir été dépendants de l'université de Bordeaux, sont maintenant une université à part entière, mais d'autre pays comme les Antilles néerlandaises ne possèdent pas de centre universitaire spécifique. L'inventaire, dont les données datent de 1992, laisse apparaître une diversité, voire une disparité entre les différents États sur des plans aussi différents que le statut des universités, le nombre d'étudiants et d'enseignants, l'âge des universités. En effet, si dans un État comme Cuba, l'université est une université d'État, tout comme l'université des Antilles et de la Guyane (UAG), dans d'autres comme à Saint-Domingue les universités privées (en majorité religieuses) recrutent une grande partie des étudiants. En outre, les chiffres montrent des différences importantes quant au nombre d'étudiants et d'enseignants dans les diverses universités. Ces différences laissent envisager une hétérogénéité dans les moyens matériels, ajoutée à l'inégalité inhérente au niveau de vie de chaque État. Aux différences mentionnées (statuts, moyens financiers), il faut ajouter le handicap de la présence de trois langues (anglais, espagnol et français), voire quatre, puisqu'en Haïti le créole est maintenant langue nationale (même si le français est toujours la langue de l'enseignement supérieur). Face à ces problèmes, est-il possible d'envisager une réelle coopération ? Un embryon de coopération s'est amorcé mais sans réelles structures établies. En effet, il existe entre l'UAG et certaines universités de Saint-Domingue, l'université des West Indies et Haïti, une certaine coopération. En fait, on peut dire que cette coopération est à sens unique, puisque l'UAG participe à la formation d'enseignants étrangers et accueille en son sein un petit nombre d'étudiants originaires de la Caraïbe, mais ceci sans réciprocité et sans réelle convention jusqu'à présent (sauf en Français Langue Étrangère avec l'université des West Indies et Saint-Domingue). Mais que dire d'une coopération qui, en 1996, ne concerne que le FLE et le créole sans inclure des matières telles que l'économie, les sciences ou la technologie ? (Les bases d'une collaboration entre l'université de technologie de Cayenne et des pays d'Amérique latine sont restées sans suite). Pour qu'existent de réelles perspectives de coopération dans la Caraïbe, il faut qu'elles intègrent obligatoirement les grands États. Mais qu'en sera-t-il de Cuba par exemple ? Avec Castro, une ouverture s'amorce vers l'Espagne et la France, mais sans Castro on peut penser qu'alors, le pays se tournera vers les États-Unis et non vers les îles de la Caraïbe. De plus, cette coopération ne pourra exister sans passer par le monde de l'Éducation et de la Recherche, si l'on veut que la "matière grise" puisse produire et circuler à l'intérieur du système. Pour cela, il faut trouver un moyen de gommer les problèmes que génèrent les différences de richesse et de niveau de vie. L'université des Antilles et de la Guyane, par son statut d'université française, est partie intégrante de l'Europe, donc des pays du Nord. Ne pourrait-on voir là, le moyen d'ouvrir la coopération avec les autres universités de la Caraïbe par le biais des programmes de coopération financés par l'Europe, la Coopération Nord/Sud, le FIC... ?
Sources : "The World of Learning", 1992. Forty second edition.
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